Crêperie ou pas crêperie en Colombie ?!
Notre arrivée à Bogota…
Notre projet de crêperie en Colombie débutera à Bogota… Nous avons réservé un airbnb situé dans un quartier résidentiel, choisi non pas pour les attraits touristiques mais pour sa proximité avec la Chambre de Commerce Franco-Colombienne et France Delicia. Cette entreprise franco-colombienne fournit les boulangeries et crêperies en farine de sarrasin. On rencontrera Gilles, un colombien adopté par une française de Versailles qui à la sortie de son école de commerce part à la conquête de ses origines et décide pour quelques temps de s’y installer. Constatant la difficulté de certains restaurateurs français de se fournir en sarrasin notamment, il crée « France Delicia« …Il va même plus loin en se lançant dans la fabrication des fameuses Billigs sur place en Colombie suivant le même procédé de fabrication que Krampouz…bref, un petit gars qui a de l’ambition !!
Rencontre de Gilles
On déjeune avec lui, il nous donne de multiples conseils, nous explique que le sarrasin plait, mais qu’il y a un gros travail de communication à mener, car un certain « crêpes & waffles » inonde le marché colombien de crêpes 100% colombiennes ! C’est à dire des crêpes de froment noyées sous différentes sauces ou soupes et qui sont éventuellement laissées de côté en fin de repas. Bref, dans la tête du colombien, la crêpe ne semble pas être un repas à part entière, mais plutôt un accompagnement. Car ici on mange beaucoup, énormément… Les portions sont énormes et ils mangent bien souvent la même chose et ça ne les dérange absolument pas !
On trouve dans beaucoup de restaurants des déjeuners à 8.000 C.O.P. soit 2€50 avec soupe et boisson…On ne peut donc pas rivaliser, ça, on le savait déjà !
Notre cible est plus dirigée vers des touristes étrangers qui en ont marre de manger la même chose, ainsi que la classe supérieure qui a l’occasion de voyager et qui est curieuse d’autres gastronomies. Il faut savoir que la fréquentation touristique augmente d’environ 30% chaque année. Ce pays est très prometteur, depuis les 1ers accords de paix signés il y a une dizaine d’années.
On est donc super optimistes ! Notre RDV avec Andrea de la CCI Française nous encourage dans ce sens, en nous conseillant par contre de cibler des endroits en devenir qui ne sont pas encore trop touristiques.
Crêpes & waffles = crêperie ?
Puis le nom de « crêpes & waffles » revient à nouveau ! Ce concurrent tient une place particulière dans le cœur des colombiens. Présents dans + de 8 pays d’Amérique latine, il compte 77 restaurants, rien qu’en Colombie ! « Success story » incroyable… Un jeune couple de Medellin crée cet enseigne comme étude de cas dans le cadre de leurs études. Ils la mettent en application dans un quartier pauvre de Medellin et se rendent compte que ça plait. Même si l’histoire dit qu’une dame française ayant trouvé leur crêpe immangeable alla dans la cuisine voir leur façon de faire et leur changea la recette. 30 ans plus tard, leurs enfants se retrouvent à la tête d’un empire ! La cerise sur le gâteau, c’est qu’ils n’emploient que des femmes en situation difficile…bref, on ne peut que les aimer !
Même si notre concept n’a rien à voir avec cette chaine, on souhaite mettre en avant le côté français et les origines de la crêpe bretonne.
On visitera « Industrial Taylor« , le revendeur des billigs Krampouz à Bogota, spécialisé dans le matériel pour les restaurants…On s’y voit déjà !!
Direction les Caraïbes…
Notre prochaine destination sera Santa Marta sur la côte Caribéenne, où un couple de St malo vend le fond de commerce de leur crêperie, car ils ont une opportunité de job sur Bogota.
Après plusieurs échanges par mail on se rend sur place pour un retour d’expérience, pour échanger avec eux même si, Santa Marta, à priori ne fait pas partie de nos destinations pré-sélectionnées.
Et là, 1ère déception, ils sont déjà installés à Bogota et ont mis une jeune gérante colombienne à leur place. On aura donc pas l’occasion d’échanger avec eux. Pas grand monde dans la crêperie, qui est située dans la rue de la soif, où beaucoup sur internet se plaignent du bruit.
On en profitera pour visiter Palomino et Minca, destinations en vogue, mais trop baba cool pour nous !
On aura plaisir à partager une soirée-crêpes avec Javier et Carole rencontrées 1 an auparavant. Ils sont super émus de nous revoir, et sont conquis pas les crêpes, car ils n’en avaient jamais gouté de cette manière, beurre-sucre-citron, tout simplement !
Ils se lancent dans un brainstorming de tous les lieux géographiques qui ont un intérêt à leurs yeux en Colombie, pour ce type de projet. Et la région du café semble la plus appropriée !
Direction « Cartagena de Indias »
On continue notre chemin vers Carthagène, comme prévu, qui elle, a un gros potentiel. Puisque c’est la ville la plus visitée de Colombie, qu’elle est absolument magnifique, et qu’il y a énormément de touristes étrangers avec un gros pouvoir d’achat.
On séjourne à nouveau dans un quartier résidentiel, chez des colombiens pour s’immerger au maximum et pouvoir échanger avec eux et ainsi enrichir notre étude de marché.
On passe les différents quartiers au peigne fin, du centre historique, à la manga, quartier résidentiel, en passant par Getsemani, plus populaire, pour comprendre comment fonctionne cette ville. Les loyers y sont bien évidemment très chers.
Il faut compter entre 1500 et 2500€ par mois pour un petit local sans prétention. Si la crêpe se vend à un prix plus élevé, ça peut le faire…mais c’est un entretien téléphonique avec une ancienne crêpière de Carthagène qui nous éclairera sur plusieurs aspects : 80% des locaux sont pauvres et les 20% restants ont les moyens et veulent que ça se sache…c’est donc dans des restos chics qu’ils aiment sortir.
Concernant les touristes, la concurrence est féroce ! C’est d’ailleurs impressionnant le nombre de petits restos qui ont ouverts dans le quartier de Getsemani. On s’y balade aux heures du déjeuner et diner…et les serveurs sont tous sur leur portable car les salles sont vides !? Ok, on est dans le mois le plus bas, le chiffre d ‘affaires de l’année se fait que quelques mois…mais on fait quoi le reste de l’année ? On se tourne les pouces et on stresse de n’avoir personne…très peu pour nous !!!
Crêperie dans la région du café ?!
On décide donc de se diriger vers la région du café, autour de Pereira.
Les paysages sont magnifiques, mais les villages touristiques comme Salento ou Filandia, sont très petits…trop petits pour nous !
On a bien trouvé un petit café-bar avec une vue de folie pour un loyer ne dépassant pas les 200€. Les crêpes seraient parfaites dans ce genre d’endroit…mais les visiteurs y viennent principalement le week-end…on fait quoi pendant la semaine ?!
Ca commence à nous miner, car on ne trouve pas ce qu’on veut et on commence à se dire que la Colombie n’a peut-être pas la petite ville de taille moyenne qui accueille des touristes toute l’année. Ce sont soit des pueblos, soit des villes de + de 200 000 habitants !
Que fait-on ?! Il y a bien la région de Boyaca dont tout le monde nous parle mais elle se situe sur une des 3 cordillères qui traversent le pays, en altitude il fait donc froid ! Et ça c’est pas négociable !! On n’emménage pas en Colombie pour cailler !!!
Cali, capitale mondiale de la Salsa…
On va donc jusqu’au bout de notre idée, espérant un déclic et on part sur Cali, la capitale mondiale de la salsa, à la rencontre de Laurence et Sébastien, un couple franco-colombien qui ont franchit le cap comme nous il y a 4 ans. Ils ont ouvert la crêperie « Biscuit ». on sera hébergés chez Eduardo et Maria, un couple de retraités qui vivent dans une magnifique maison où coule une petite rivière et où il fait bon vivre.
On est en plein cœur du quartier « San Antonio », prisé des touristes, mais ils se font rares. La ville a mauvaise réputation puisqu’elle fait partie des villes les plus dangereuses au monde. Pourtant on s’y balade et on se sent bien. On arrive le samedi soir et malheureusement ici les restos sont fermé le dimanche et lundi…rien que ça!!!
On profitera du week-end pour aller pratiquer nos quelques pas de salsa, puis on déjeunera finalement avec Laurence et Sébastien le mardi midi. Sara, une française installée ici depuis 10 se joint à nous. On passe un super moment à écouter les histoires des uns et des autres. Surtout les anecdotes et conseils du jeune couple de crêpiers ! Car il y en a !!! Une parmi plusieurs qui nous aura fait rire : son aide en cuisine qui, au moment du service, décide de vider une bouteille de vin rouge dans la marmite du bourguignon! Elle estimait qu’il n’y avait pas assez de sauce!!!
Bref, on sent qu’il y a du vécu…et que la mayonnaise est retombée !
C’est en tant que colombien ayant vécu 10 ans en France, qu’il nous confirme : « que les colombiens ne voient que par le riz et les haricots rouges ! Qu’ils s’en fichent complètement de gouter de nouveaux trucs…qu’ils veulent juste se remplir le ventre…pour pas cher ! »
Triste réalité…qui ne fait que confirmer ce qu’on ressentait déjà depuis quelques jours. Ce ne sera pas en Colombie qu’on ouvrira la crêperie de nos rêves !! Même si ce peuple nous a bouleversé !!! Nous avons tant à apprendre d’eux… On aurait tellement voulu…
…direction le Portugal !
Après une réflexion entamée au cours de notre tour du monde, on décide de se « rabattre » sur le Portugal ! Pourquoi le Portugal ?!
- Parce qu’il y a beaucoup de retraités européens qui y séjournent,
- que la météo y est clémente,
- que les conditions financières y sont plus intéressantes qu’en France,
- qu’on se rapproche de la famille et des amis,
- que beaucoup de portugais parlent français, connaissent la France et peut-être même les crêpes bretonnes !
- Qu’ils sont gourmands…
- et que d’apprendre le portugais dans ces conditions pourrait être un tremplin pour le Brésil !?!
Bref, on veut se rendre sur place et voir si ce pays nous plait…On se retrouve donc à égalité avec Christian…on télécharge babbel sur nos portables et, à nous le portugais !!
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